Déborder Bolloré

Le pari stratégique que fait ce livre part du constat suivant : depuis quelques années, nous observons un regain d’intérêt pour la pratique de l’édition. Pas une année ne passe sans qu’une structure éditoriale ne voie le jour, se singularisant par le choix des livres publiés, de la forme qu’ils prennent, des thématiques qu’ils abordent mais aussi par le travail réflexif des éditeurices sur leur pratique. Face au libéralisme autoritaire, qui se présente sous la forme de grands groupes éditoriaux-médiatiques en compétition, il nous faut penser cette multiplicité et ses spécificités. Contre la concentration, il nous faut penser la dispersion. Une dispersion qui n’est pas synonyme d’éparpillement mais qui est la modalité d’une solidarité en actes depuis des positions situées.
Déborder Bolloré, https://deborderbollore.fr

Il y a tant à dire sur cet ouvrage collectif : constitution d’un collectif d’éditeurices, positionnements politiques et épistémologiques d’acteurices du livre, construction de modélisations plurielles d’édition, mise en place d’outils pour fabriquer un tel ouvrage, définition et diffusion d’un avenir désirable et soutenable, mise en résistance de l’édition. Les textes de ce livre doivent être lus, autant par des personnes qui travaillent dans l’édition que par des militant·e·s qui cherchent à comprendre ce qu’a de si spécifique le domaine du livre. Les questions abordées le sont avec une grande rigueur, et souvent ce qui y est dit sur le livre est peu ou pas connu. Exemple :

Trop souvent considérée comme le rouage purement logistique et marchand d’une organisation socio-économique se vouant à des idéaux culturels plus purs (au point qu’il est courant de présenter cette organisation comme un biotope plutôt qu’une industrie…), la distribution organise structurellement le secteur, le déterminant de fond en comble.
Alexandre Balcaen et Jérôme LeGlatin, Le livre, cette marchandise, https://deborderbollore.fr/contributions/le-livre-cette-marchandise, page 30